TEXTE adressé par André CROUZET à J.D RENARD suite à son article
publié dans Sud-Ouest Dimanche le 24 janvier 2016.
Objet: Article du 24 janvier dans Sud-Ouest Dimanche
Bonjour
Suite à la lecture de votre article, je me permets d’y joindre une vision différente dans les constats ainsi que des pistes de réflexions différentes d’une transition énergétique basée sur la production électrique nucléaire.
Je fais partie de ceux qui n’ont pas applaudi aux 50% la part du nucléaire.
Je n’ai pas été le seul.
Je vous propose de lire entre autre dans le monde les propos de Jean-Paul Chanteguet, député PS de l’Indre:
Président de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale depuis juin 2012, Jean-Paul Chanteguet, député PS de l’Indre, a activement suivi l’élaboration du projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, adopté mardi 14 octobre par les députés.Il explique pourquoi, à ses yeux, ce texte n’est pas à la hauteur des enjeux.
Vous avez voté le projet de loi sur la transition énergétique, mais vous vous dites « extrêmement critique ». Pourquoi ?
Je suis solidaire, mais pas dupe. J’ai voté en faveur de ce texte par devoir de loyauté envers la majorité parlementaire, et parce que je reconnais l’intérêt des deux nouveaux objectifs ambitieux que sont la division par deux de la consommation finale d’énergie à l’horizon 2050 et la réduction à 50 % de la part d’électricité d’origine nucléaire en 2025.
Mais j’ai aussi un devoir de vérité. Je ne me satisfais pas d’une loi qui ne peut suffire à faire de la France le pays de l’excellence environnementale et le leader de la lutte contre le réchauffement climatique, à un an du sommet mondial de Paris. Cette loi est hélas une occasion manquée.
Ce texte ne marque pas le premier acte d’une autre gouvernance en matière d’énergie nucléaire. François Hollande avait pourtant souhaité, lors de la conférence environnementale de septembre 2013, que désormais l’Etat puisse être le garant de la mise en œuvre de la stratégie énergétique de notre pays. Au final, demain, c’est EDF qui décidera de ses plans stratégiques et c’est l’administration qui les mettra en œuvre. Cette impossibilité, en France, de remettre en cause la toute-puissance du nucléaire et de ses acteurs conditionne tout le reste, en empêchant le retour de l’Etat stratège qui, seul, pourrait entraîner la nation dans le formidable projet de transition à travers un « récit » mobilisateur qui laisse voir un avenir différent.
C’est donc, à vos yeux, une démission, ou un renoncement du politique ?
Nous voyons s’évanouir notre espoir du retour du politique dans la gouvernance de l’énergie. Tant la stratégie bas-carbone que la programmation pluriannuelle de l’énergie seront arrêtées par décret, sans qu’à aucun moment le Parlement ne soit appelé à en débattre et à voter pour les valider. Demain comme aujourd’hui, la maîtrise de la politique énergétique sera captée par les grandes entreprises du secteur et par leurs relais dans la haute administration.
Vous mettez directement en cause EDF et son influence…
EDF devrait être le fer de lance de la transition énergétique. Il faudrait pour cela refonder cette entreprise autour d’un service public de l’électricité et, pour ce faire, la sortir de la Bourse afin que sa gestion soit déconnectée des exigences de court terme des marchés financiers. Alors, EDF se recentrerait sur les seuls intérêts de la collectivité et sa nouvelle organisation, moins centralisée et moins focalisée sur le nucléaire, permettrait de faire jouer aux territoires un vrai rôle dans la mise en œuvre de la transition énergétique. S’agissant des moyens, justement, les 10 milliards d’euros sur trois ans promis par la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, sont-ils suffisants ?
C’est la carence la plus invraisemblable de ce projet. Il ne peut exister de véritable transition énergétique sans financement. Or, aucun des moyens proposés n’est nouveau : ni le crédit d’impôt pour la rénovation thermique des bâtiments, ni l’éco-prêt à taux zéro, ni la prime à la conversion des véhicules polluants, ni les prêts bonifiés de la Caisse des dépôts pour les collectivités locales. Seul le fonds de la transition énergétique, de 1,5 milliard d’euros, serait nouveau, mais il n’est pas encore financé. Et s’il l’était au prix de la cession d’actifs de l’Etat dans une entreprise comme EDF, ce serait une fuite en avant irresponsable et une véritable provocation. De plus, les moyens alloués à la lutte contre la précarité énergétique et à la rénovation des « passoires thermiques » sont clairement insuffisants.
POURQUOI AUSSI NE PAS IMAGINER UNE SOCIETE DE FINANCEMENT, BENEFICIANT DE LA GARANTIE DE L’ETAT, SUR LE MODELE DU DISPOSITIF MIS EN PLACE POUR SAUVER LE SYSTEME BANCAIRE LORS DE LA CRISE DE 2008 ? CE QUE L’ON A SU FAIRE POUR LES BANQUES, ON PEUT LE FAIRE POUR LA TRANSITION ENERGETIQUE.
Source : Le Monde http://lemonde.fr/planete/article/2014/10/14/il-est-impossible-en-france-de-remettre-en-cause-la-toute-puissance-du-nucleaire_4505793_3244.html
De plus je vous conseille la lecture du dernier numéro de CONTRÔLE, la revue du Gendarme du nucléaire A.S.N (Autorité de Sûreté Nucléaire)
Il éclaire des enjeux sur les coûts externes qui jusqu’à peu de temps n’était pas inclus dans le prix du KWH de la production électrique nucléaire.
Ainsi que les propos de son président lors de la présentation des vœux la semaine dernière.
J’arrête là ces quelques réflexions.
Je vous joins quelques informations complémentaires que vous pourrez lire si cela vous semble intéressant et constructif.
Je fais partie de ces quelques personnes qui pensent que l’électricité n’est pas toute l’énergie.
Réaliser une véritable transition énergétique est un enjeu majeur qui impose que la société change de paradigme en basant son développement sur la sobriété et les productions alternatives et renouvelables.
Elles sont aujourd’hui plus productrices d’énergies au niveau mondial que ne l’est le nucléaire.
La transformation demandée n’est pas plus importante que quand la France est sortie de la production électrique basée sur le charbon et le pétrole pour basculer sur le tout nucléaire.
Comme vous l’écrivez, nous sommes les plus dépendant du nucléaire par habitants, d’où politique du chauffage électrique climatisation électrique cumulus électrique et maintenant voiture électrique. Il faut bien vendre notre surproduction.
Vous comprendrez bien que cela s’oppose à une politique de sobriété !
Certes le nucléaire a formaté nos consommations mais cela n’est pas inéluctable.
Cela demande une reconversion du modèle actuel mais en terme d’emplois la transition allemande démontre qu’ils ont créés plus d’emplois sur une politique générale de transition toutes énergies confondues.
Les choix que nous devons faire ont une implication économique évidente mais pas que !
Il faut que chacun accepte de se mettre autour d’une table pour dialoguer car le nucléaire porte également en son sein des problématiques qui dépassent notre génération:
– La gestion des déchets
– Le risque d’accident majeur.
Il faut sans tarder réfléchir à ce que nous allons laisser aux générations futures.
Est-ce être trop utopiste ou naïf de refuser d’être un adepte du « après moi le déluge »!
Il n’y aura pas de transition énergétique globale avec une production électrique nucléaire. Le constat des tenants du nucléaire est que si on continue c’est pour limiter les coûts externe que va laisser pour des siècles la gestion de l’après !
C’est écrit noir sur blanc dans la revue de l’ASN N° 199 Octobre 2015
Charles-Antoine Louët sous directeur de l’industrie nucléaire, direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) décline parfaitement cet arrêté et estime pour sa part à 80 milliards dont 40 correspondent au démantèlement . Il rajoute « Le premier enjeu qui se pose aux pouvoirs publics est celui de l’objectif du démantèlement, qui s’apprécie au regard de son coût » ……. « La constitution d’actifs dédiés au financement des opérations doivent être gérés « en bon père de famille » pour faire face au décaissement lointains. Il s’agit de limiter le transfert vers les générations futures . »
Salutations Ecologiques et Sociales
André Crouzet